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La loi handicap fĂȘte ses 20 ans : quel bilan ?
La loi pour lâĂ©galitĂ© des droits et des chances, la participation et la citoyennetĂ© des personnes handicapĂ©es, dite « loi handicap » adoptĂ©e en 2005 a constituĂ© une avancĂ©e lĂ©gislative trĂšs importante pour lâinclusion des personnes handicapĂ©es. PrĂšs de 20 ans aprĂšs, retour sur les avancĂ©es de la loi et les freins qui subsistent sur lâaccessibilitĂ©.
Les principaux volets de la loi : « Elle a embarqué énormément de secteurs de la vie quotidienne »
« La loi de 2005 dit beaucoup de choses, et a embarqué énormément de secteurs de la vie quotidienne, audiovisuel, transports, emploi, prestation de compensation de handicap⊠etc. », affirme Jérémy Boroy, Président du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH).
En effet, la loi de 2005, adoptĂ©e sous la prĂ©sidence de Jacques Chirac fixe lâobligation dâaccessibilitĂ© pour les Ă©tablissements recevant du public (ERP), mais aussi pour les transports, les logements, les Ă©coles⊠Câest lâaccessibilitĂ© qui constitue lâĂ©lĂ©ment le plus important de la loi. « Les chantiers Ă©taient titanesques mais la base mĂȘme, le pilier mĂȘme de la loi, Ă©tait lâaccessibilitĂ© (des voiries, transports, logements, services publics, âŠ) », explique le PrĂ©sident du CNCPH.
Des maisons dĂ©partementales pour les personnes handicapĂ©es (MDPH) ont aussi Ă©tĂ© mises en place grĂące Ă la loi handicap. Il sâagit dâun guichet unique ayant pour but de simplifier les dĂ©marches administratives, en rassemblant au sein dâune structure les acteurs qui prennent en charge les handicaps.
Un « droit Ă compensation » pour la personne handicapĂ©e a aussi Ă©tĂ© créé, via la prestation de compensation du handicap (PCH). Cette compensation inclut des aides humaines, techniques, et des amĂ©nagements de logements. LâEtat doit prendre en charge les surcoĂ»ts gĂ©nĂ©rĂ©s par le handicap.
Lâinclusion scolaire est aussi un volet important. Depuis lâentrĂ©e en vigueur de la loi, tout enfant porteur dâun handicap a le droit de sâinscrire dans un Ă©tablissement rĂ©fĂ©rent de secteur, une Ă©cole « ordinaire », pour favoriser lâintĂ©gration des enfants, dĂšs le plus jeune Ăąge. La loi reconnaĂźt la responsabilitĂ© de lâEtat dâaccompagner les enfants ayant des besoins spĂ©cifiques. Des Auxiliaires de vie scolaire (AVS), devenus depuis les accompagnateurs des Ă©lĂšves en situation de handicap (AESH) ont Ă©tĂ© mis en place, permettant un soutien personnalisĂ© pour les Ă©lĂšves.
MalgrĂ© des progrĂšs en termes dâinclusion, le bilan reste mitigĂ©. GrĂące aux mesures dĂ©coulant de la loi de 2005, le nombre dâĂ©lĂšves en situation de handicap scolarisĂ©s en milieu scolaire « ordinaire » a largement augmentĂ©, passant de 100 000 en 2006 Ă 436 000 en 2022. Par ailleurs, le taux dâĂ©lĂšves en situation de handicap bĂ©nĂ©ficiant dâun accompagnement dans leur scolaritĂ© est passĂ© de 26 % en 2006 Ă 47 % en 2011, une Ă©volution positive quâil faut souligner. Cependant, un rapport du SĂ©nat datant de mai 2023 met en exergue le manque de rĂ©ponses face aux attentes des familles et des enfants. Il prĂ©cise que les AESH ne rĂ©pondent pas assez bien aux besoins des Ă©lĂšves en situation de handicap. Un rapport de 2022 de la DĂ©fenseure des droits a aussi dĂ©noncĂ© le manque de formations des AESH, la prĂ©caritĂ© de leurs contrats de travail, et leur manque dâintĂ©gration Ă la communautĂ© Ă©ducative. Des mesures ont Ă©tĂ© prises rĂ©cemment pour rĂ©pondre Ă ces critiques, prĂ©sentĂ©es au ComitĂ© interministĂ©riel du handicap en septembre 2023. Parmi elles, on retrouve un renforcement de lâaccompagnement individuel des Ă©lĂšves dans lâenseignement supĂ©rieur, la crĂ©ation dâun cahier des charges de lâuniversitĂ© inclusive ou encore la simplification dâaccĂšs aux bourses pour les Ă©lĂšves handicapĂ©s. Reste Ă voir si ces nouvelles mesures sâavĂ©reront efficaces pour lâinclusion des personnes en situation de handicap dans les milieux scolaire et universitaire.